Symptômes de l’intensification des échanges mondiaux, les espèces exotiques envahissantes (EEE), également appelées espèces invasives, trouvent dans nos espaces naturels des conditions propices à leur développement. Elles profitent de l’absence de prédateurs dans les milieux hôtes mais également des déséquilibres des écosystèmes dus à d’autres facteurs (pollution, gestion inappropriée,changement climatique …).
Les espèces exotiques envahissantes (EEE) constituent l’une des cinq causes d'érosion de la biodiversité dans le monde, avec la disparition des milieux et des habitats naturels, le changement climatique, la surexploitation des ressources, et les pollutions. Si elles sont aujourd’hui médiatisées à cause des fortes pressions qu’elles exercent sur la biodiversité locale, leur impact va bien au-delà des déséquilibres écologiques qu’elles peuvent engendrer avec des conséquences sanitaires, économiques…
Ainsi, les actions menées contre les espèces exotiques envahissantes protègent la biodiversité, mais aussi in fine le bien-être humain.
des extinctions recensées dans le monde sont directement ou en partie dues aux EEE
En Europe, le nombre d'espèces exotiques envahissantes ont augmenté d'au moins 76 % ces 35 dernières années
Des réglementations s’appliquent à l’échelle internationale, européenne et nationale.
Au niveau européen, sur les 13 000 espèces exotiques, 1200 à 1900 sont estimées invasives. L'arrêté du 02 mars 2023 ajoute 2 espèces végétales et 4 espèces animales à la liste européenne de 2022. Ainsi, le nombre d'espèces réglementées en Europe et en métropole (c'est-à-dire interdites de commerces et d'introduction), s'élève à 94 (43 plantes et 51 animaux).
Le règlement européen est codifié dans le code de l'environnement dans les articles L411-5 à L411-10. L'arrêté ministérielle du 14 février 2018 fixe en métropole les règles d'introduction des espèces animales et végétales invasives.
espèces invasives réglementées en métropole
dont
végétaux invasifs réglementés
animaux invasifs réglementés
De nouvelles espèces sont aujourd’hui encore régulièrement introduites en France, de manière volontaire ou involontaire. En métropole, en moyenne, 14 nouvelles espèces exotiques envahissantes s’installent tous les dix ans depuis 1984 (sur une liste de 86 EEE) dans chaque département (source ONB, 2024).
Pour les espèces végétales, les scientifiques estiment que, globalement, une seule espèce végétale introduite sur 1000 devient problématique (selon Williamson, 1996 – « The varying success of invaders »). Certaines espèces exotiques introduites n’apparaissent jamais hors des zones d’implantation, d’autres y parviennent mais disparaissent très vite. Un petit nombre s’adapte, certaines réussissent à étendre leur aire de répartition et parfois à proliférer.
nouvelles EEE s'installent tous les 10 ans par département en métropole
source : ONB, 2024
millions d'euros par an sont dépensés à cause de la gestion des EEE en France
d'impacts négatifs sur la qualité de vie de l'être humain
espèces végétales invasives en Centre-Val de Loire | CBNBP, 2023
espèces animales invasives en Centre-Val de Loire | OFB, 2021
Parmi les 833 espèces introduites (de manière fortuite ou intentionnelle) recensées, seules quarante-deux espèces sont considérées comme invasives (auxquelles il faudrait ajouter les « potentiellement » invasives, c’est-à-dire les plantes ayant un fort caractère invasif donc pouvant se révéler être une menace pour les autres espèces / habitats).
Il a été noté la présence de :
Le développement des espèces exotiques envahissantes peut vite devenir incontrôlable et engendrer des impacts importants. Ainsi des populations encore petites, présentes en Centre-Val de Loire, peuvent servir de relai pour une implantation plus large. Il est nécessaire d’agir le plus rapidement possible sur ces petites populations si l’on souhaite viser une éradication. Si cette première étape est « manquée » et que les populations sont trop développées, une politique d’endiguement ou d’atténuation des impacts est préconisée.
On distingue plusieurs catégories d’impacts :
Surveiller leur évolution, éviter l’introduction, définir une stratégie de gestion et communiquer sont autant d’outils pour éviter les surcoûts écologiques, sanitaires et économiques que peuvent engendrer ces espèces.
Les plantes envahissantes sont classées en 4 catégories :
La liste catégorisée des EEE du Groupe de travail des EEE du bassin Loire-Bretagne rend compte de la liste hiérarchisée de la flore et de la faune invasive à l’échelle du bassin. Les animaux invasifs sont ainsi classés en 4 catégories :
Les différentes écrevisses exotiques sont également présentes en Centre-Val de Loire et ont des impacts directs sur la biodiversité. Elles concurrencent l’Écrevisse à pieds blancs, espèce protégée, occasionnent des dégâts majeurs pour l’économie, avec des cas de destruction de berges, de fragilisation des bases d’ouvrages hydrauliques, de perte de production piscicole dans les étangs. Des expériences de gestion, comme la stérilisation ou le piégeage, sont en œuvre et recensées dans les retours d'expériences de gestion faune rédigés par le GT EEE.
Enfin certaines petites bêtes exotiques peuvent également avoir de nombreux impacts. C’est notamment le cas des coccinelles asiatiques qui, introduites pour détruire les pucerons, tendent également à éliminer les coccinelles autochtones. Les substances qu’elles émettent modifient, en outre, le goût du vin si elles sont présentes sur le raisin pendant les vendanges.
Introduit accidentellement au début des années 2000 via le commerce international, le Frelon à pattes jaunes (aussi appelé "Frelon asiatique") s’est rapidement installé sur l’ensemble du territoire métropolitain et il occupe désormais une place durable dans nos écosystèmes. Facilement reconnaissable à ses pattes jaunes, son thorax noir et son abdomen orangé, Vespa velutina construit des nids souvent en hauteur, dans les arbres ou sous les toitures.
Prédateur généraliste et opportuniste, il se nourrit d’une grande variété d’insectes, parmi lesquels figure l’abeille domestique (Apis mellifera). Cette prédation, bien qu’impressionnante lorsqu’elle se concentre autour des ruchers, reste un phénomène naturel d’interaction entre espèces. À ce jour, l’impact avéré concerne essentiellement une diminution du rendement des colonies d’abeilles domestiques, liée à un stress comportemental (immobilisation des butineuses) plutôt qu’à une prédation massive. Le Frelon à pattes jaunes consomme majoritairement des insectes sauvages (mouches, syrphes floricoles, guêpes communes...). Les impacts de la prédation sur ces espèces indigènes semble limités, mais restent à étudier (Rome et al. 2021)
Face à sa progression, certaines pratiques de lutte ont été mises en place, parfois de manière préventive. Pourtant, le piégeage systématique de printemps est aujourd’hui déconseillé. En plus d’être peu efficace pour réguler les populations de frelons, il est surtout néfaste pour de nombreux insectes non ciblés, en particulier les pollinisateurs sauvages. En cas de pression avérée sur les ruches, un piégeage localisé et le plus sélectif possible peut être envisagé en été, en utilisant des techniques et outils validés et complémentaires de dispositifs visant à réduire le stress des abeilles.
Le Frelon à pattes jaunes peut piquer s’il se sent menacé, en particulier à proximité du nid (à partir de 4 ou 5m). Ses piqûres bien que rares sont douloureuses mais généralement sans gravité pour une personne en bonne santé et non allergique. Le Frelon n’est ni plus agressif ni plus dangereux que son cousin européen : il n’attaque pas spontanément les humains, sauf provocation directe ou dérangement du nid.
En cas de présence d’un nid à proximité d’une habitation ou dans une zone sensible, il convient de faire appel à un·e professionnel·le pour une éventuelle intervention.
Au vu de sa dynamique, l'éradication du Frelon à pattes n'est plus considérée possible, mais les populations doivent être contrôlées localement afin de limiter ses impacts. Plutôt que des actions de destruction généralisée, la réponse la plus adaptée repose sur une meilleure connaissance des dynamiques écologiques, des pratiques de piégeage et de protection ciblées, et une cohabitation réfléchie.
Retrouvez les sources et les dernières connaissances scientifiques sur l’espèce, le détail de ses impacts et les moyens de luttes sur la page du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN).
De nombreuses ressources existent et des réseaux sur les EEE se sont constitués à différentes échelles territoriales. N’hésitez pas à consulter leurs sites internet ou à demander un appui technique !
Érable frêne ou negundo, espèce invasive avérée secondaire ©L. Roger-Perrier
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Animatrice de l'Observatoire
Agence régionale de la biodiversité Centre-Val de Loire (ARB CVL)
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Le Centre de ressources espèces exotiques envahissantes propose des éléments d’actualité, des ressources réglementaires, des guides pratiques...
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Le groupe de travail des espèces exotiques envahissantes apporte des connaissances sur les stratégies de lutte, accompagne les gestionnaires et les collectivités en terme de gestion et communication.
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L'OFB est un établissement public dédié à la protection et la restauration de la biodiversité en métropole et dans les Outre-Mer. La Direction régionale (DR) de l'OFB en Centre-Val de Loire agit pour la préservation de la biodiversité en région...
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Nos modes de vie dans toutes leurs composantes impactent directement la biodiversité locale et mondiale. Différents facteurs menacent les espèces et les habitats naturels. Notre région est aussi concernée.
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L'Observatoire des ambroisies suit l'évolution de l'espèce sur le territoire national, fournit des guides de gestion et des moyens de lutte
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Depuis plus de 40 ans, les Conservatoires d'espaces naturels contribuent à préserver notre patrimoine naturel et paysager par leur approche concertée et leur ancrage territorial. Les 23 Conservatoires d'espaces naturels gèrent un réseau cohérent et...